Je ne sais pas si les deux albums dont je souhaite vous parler sont vraiment des chefs d'oeuvres, mais ils sont devenus, chez nous, des incontournables. Ce sont certainement les deux albums qu'on relit le plus et qui distillent toujours le même plaisir. Vous les trouverez peut-être naïfs et insignifiants - je le comprends. Disons qu'une relation personnelle s'est nouée entre ces livres et nous - je veux parler de mon épouse, mes filles et moi-même. Amusant de constater d'ailleurs qu'ils contiennent tout deux une chansonnette sur lesquelles nous avons inventé une musique et qui cristalise la mémoire à chaque lecture, comme quelque chose qu'on échangerait en commun et qui n'appartiendrait qu'à nous. On a essayé, notre chanson ne marche pas forcément sur les autres... Mais les histoires, elles, par contre...

Embrasse la vache ! est une espèce de fabulette naïve et simplette servie par de grands dessins accessibles, lumineux et colorés. Les pleines pages franches et douces de Will Hillenbrand se calent à cette histoire tendre et un peu désuette, et en dégagent une grande harmonie.

L'histoire assez convenue, est celle d'une petite fille obstinée qui veut bien s'essayer à la magie que recèle une vache, mais sans en payer le prix, par pur a-priori. Comme tant d'autres, elle finira, poussée par sa mère, ses innombrables frères et soeurs et sa curiosité, par reconnaître son tort. Pourtant, ce n'est pas la morale de l'histoire qui est séduisante ici, mais peut-être plus cette fausse magie qui l'entoure. Les enfants, confrontés à cette histoire un peu rustique et naturelle, se demandent s'ils font vraiment face à quelque chose de magique. Le pas à franchir n'est pas rebutant (il faut embrasser la vache), juste un peu impressionnant. A croire que traire une vache, l'embrasser, se situe entre le possible et l'incroyable ! Le fait que cet univers ne soit plus celui de nos enfants, rend le doute possible et créé un espace où la magie peut prendre corps. La comptine agit alors comme une formule envoutante, la recette du sortilège.

La chasse à l'ours raconte l'histoire d'une famille qui a décidé de partir à la chasse à l'ours, inconsciente des risques. Elle traverse des épreuves de plus en plus difficiles, comme autant d'obstacles que la nature leur donne à franchir, sans se décourager dans l'adversité, mais continuant à chanter la ritournelle qui les encourage. Jusqu'à ce qu'ils rencontrent vraiment l'ours et que leur vantardise et leur insousiance tombe comme leurs illustions, le temps d'une course folle pour rentrer jusque chez eux, jusque sous la couette chaude du lit, bien protégé des dangers de l'ours. La poésie très décidée de Michael Rosen, alliée aux crayonnés aquarellés d'Helen Oxenbury créé une harmonie assez douce, servit par un sens de la narration, textuel et graphique, qui donne un véritable rythme à cet album. Une alternance de pages qui donne à l'ensemble un dynamisme qui fonde certainement le succès - mérité - de ce titre.

Pour commander ces livres :
- La chasse à l'ours, de Michael Rosen et Helen Oxenbury, L'Ecole des loisirs, Kaléidoscope, 40 pages, 13,60 euros, ISBN : 978-2877671996 - Amazon.fr - Fnac.com. Existe aussi au format poche, 5,5 euros, ISBN : 2211051014 - Fnac.com. Et en version animée, 19 euros, ISBN : 2877675009 - Fnac.com.
  
- Embrasse la vache ! de Phyllis Root (texte) et Will Hillenbrand (dessins), Ecole des loisirs, Pastel, 2001, 28 p., 12 euros, ISBN : 978-2211060455. - Amazon.fr - Fnac.com

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