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S'ennuyer à se plumer le croupion

Un jeu bien décevant...

Décidément, on n’a pas de chance avec les boîtes de jeu

Pourtant, on ne présente plus Pique-Plume, ce jeu pour enfant qui a reçu l’as d’or 2002 du festival des jeux de Cannes (qui est avec le Spiel des Jarhes allemand, l’une des récompenses les plus recherchées du monde des jeux). Quatre superbes poules en bois – qui peuvent passer à 6 en achetant l’extension appropriée – ont pour objectif de plumer le croupion des autres volatiles. Pour avancer, case par case, chaque joueur doit trouver la carte correspondant au dessin de la case suivante parmi des cartes retournées.

Le principe du jeu, qui utilise avec astuce le principe du Memory pour permettre à chacun de se déplacer, est facilement compréhensible même pour les plus petits. Ceux-ci comprennent très vite le fonctionnement de cette course-poursuite et leur mémoire ne leur font pas défaut au contraire !

Et c’est bien le problème. Le jeu est d’abord long à démarrer. Il faut le temps d’identifier l’emplacement des cartes retournées pour commencer à avancer. Et ensuite, trop vite, il devient interminable : tous les joueurs connaissant l’emplacement des cartes. Tant et si bien qu’il devient vite impossible de rattraper le moindre cul de poulet... Autant dire que les enfants se découragent très vite.

Pour pallier ces deux défauts, on pourrait vouloir changer les règles du jeu, rebrasser les cartes du Memory dès que les cartes sont trop bien identifiées, diminuer l’écart de départ entre les joueurs – mais ça signifie que celui qui est devant ne pourra jamais rattraper le moindre volatile!–, permettre des déplacements de plusieurs cartes d’un coup – mais la complexité et la tacticité du jeu deviennent alors un peu trop ardues pour les enfants.

Au final, le jeu, qui est partout bien noté, souvent mis en avant et recommandé dans bien des catalogues, est loin d’être une réussite. Ce qui se présente bien sur le papier, est nul en terme de jouabilité. C’est à se demander si tous ceux qui le recommandent ont seulement essayé d’y jouer. Voilà qui a fait tomber bien bas ma confiance dans l’As d’or Cannois - qui a fusionné avec le Jeu de l'année -, et qui vient nous rappeler, encore une fois, qu’un prix, quel qu’il soit, n’est pas du tout une marque de qualité.

Pique-Plume a été remisé sur une étagère. J’ai bien peur qu’il y reste. Voilà encore 35 euros de foutus en l’air.

J'aurais du mieux écouter l'excellent François Haffner, qui lui, ne le classe pas si bien que ça.

Pique Plume, dont le titre original est « Zicke Zacke », a été créé par Klaus Zoch, et est distribué en France par Gigamic.

Les sales bestioles d'Antoon Krings

Des p’tites bêtes affligeantes

Sincèrement, le succès d’Antoon Krings me dépasse. Tout le monde pourtant connaît les "Drôles de petites bêtes" - qui n'ont pourtant pas grand chose de drôles. Indéniablement, ce succès est lié à la réussite du format, des titres, de la couverture, du côté collection qui donne envie d'avoir tous les numéros de la série... Jusqu'aux quatrième de couverture et aux pages de gardes qui donnent envie d'acheter tous les autres titres (la promotion par l'image des autres titres d'un éditeur : voilà ce que tout un chacun devrait faire dans ses livres en tout cas !). Pourtant, force est de constater que tous les livres de cette série sont nuls.



Pour notre part, en collectant les titres qu'on trouve chez les grands-parents, nous en en sommes à une bonne douzaine de titres achetés ou offerts, et sincèrement, il n’y en a pas un pour racheter l’autre. Les histoires sont bien souvent d’une pauvreté affligeante. Elles ne possèdent aucun rythme, aucune force. Les phrases sont souvent alambiquées. Les épisodes n’ont aucune cohérence. Les personnages n’ont aucune réelle personnalité. Je n’évoquerais pas même les dessins bouffis et figés.

Tout cela est d’un ennui mortifère. Sans parler de la série télévisée – pas vu –, ni des Cd-roms, ni même de tout le merchandising et les produits dérivés… Si on s’en tient aux livres, on ne peut que penser que tout le reste est à jeter.


Pour ma part, je crois que ce succès commercial est surtout dû à la force d’impact de diffusion de Gallimard. La série est disponible partout – maison de la presse, grande surface, station service. Et c’est l’une des seules qui le soit avec une telle constance – on pourrait ajouter Babar, Caroline, Martine et Juliette. Son manque de qualité est d’autant plus dommage que par rapport à ses concurrentes sus-citées, elle est la plus moderne, avec ses couvertures attrayantes et colorées.



Si la série est un succès commercial, est-elle vraiment lue ? J’ai tendance à croire que si elle l’était vraiment, elle ne serait pas autant achetée. Cadeau facile, achat d’impulsion fait par des parents et grands-parents pressés, la collection est une porte d’entrée commerciale pour des gens qui ne connaissent pas la production jeunesse, qui ne se rendent pas ou peu en librairie. Dommage qu’elle soit de si mauvaise qualité, car pour les rares parents qui en ouvriront un des titres, elle ne donne assurément pas envie de s’intéresser à la production éditoriale actuelle. A moins que cet emblème de la production jeunesse actuelle ne soit, finalement, que l'emblème le plus exemplaire du manque de qualité de la plupart de ses représentants.


A éviter, du début à la fin. Et chaque fois que vous vous retrouverez face à l'un de ses albums avec la tentation d'en prendre un comme on prend un paquet de chewing-gum, rappelez-vous que c'est 6 euros foutus en l'air ! Pour le même prix - 6 euros quand même !, vu le tirage et la diffusion, ces albums sont horriblement chers - vous pouvez avoir plein de vrais livres avec du plaisir entre les pages.

Des trésors qui n'en sont pas

Où épaisseur ne rime pas toujours avec bonheur

On pourrait se pâmer à l'idée d'offrir ces épaisses compilations regroupant plusieurs dizaines d'histoires que de nombreux éditeurs ne manquent pas de nous servir à longueur d'années. Le Trésor de l'enfance, paru en 2003 à l'occasion des 30 ans de Gallimard Jeunesse pourrait être de ses livres formidables qu'on vénèrerait comme de véritables invitations au voyage. Loin s'en faut.

Ce livre est tout sauf une ode à l'édition jeunesse. Car cette formidable sélection de quelques bons - et moins bons - albums publiés par la maison se veut comme une compilation où l'on trouverait à la fois Carlos, U2 et Pavarotti. Bon, on pourrait tout à fait comprendre l'engouement (un prix imbattable, une mise en place imposante et un vrai rapport quantité prix), mais voilà, ça ne marche pas. Pourquoi ? Parce que les illustrations sont traitées comme des vignettes, le découpage et le rythme des histoires pleines pages sont redécoupées en format BD. Cela satisfera peut-être les plus grands, mais vous ne convaincrez aucun petit avec ces formats là tant lire l'histoire est incompatible avec le fait de regarder les images - et inversement.

Et encore, Gallimard fait l'honneur aux illustrateurs de leur conserver leurs couleurs d'origine. Un détail dont ne s'embarasse même pas les éditions du Père Castor par exemple qui publient des recueils avec non seulement des images ridiculement petites mais toutes passées en noir.

Comme quoi, il y a parfois de vraies raisons à ne pas acheter de livres. Aller, ne vous laissez pas tromper par le prix. Ces livres là ne valent pas même le papier qui les emballent. Il y a des économies qui n'en sont pas. Oubliez. Et préférez de beaucoup même un album même en format poche et avec une couverture souple, où, si les dessins sont parfois un peu petits, ils ont le mérite de conserver leurs couleurs, la pagination et le rythme avec lequel leurs auteurs les ont composés. C'est cela aussi le respect de l'auteur.