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Renouveler les classiques

Vivifiant

Les plus jolies chansons de notre enfance pourrait être le titre d'une ode au nian-nian où se retrouverait compilée les plus affreuses versions de Frère Jacques, Mon Beau sapin ou Le Pont d'Avignon. Heureusement, il n'en est rien. La couverture et les illustrations d'André Bouchard, qui semble être la réincarnation du grand Dubout, donnent le ton. Nous sommes ici confrontés à une réinterprétation malicieuse et amusante de ces affreuses ritournelles qu'on a trop entendu et que l'on entonne mécaniquement, comme un réflexe pavlovien, mais sans chair. Voilà de quoi redonner une poussée d'énergie à vos cordes vocales.

Si le cd de chanson qui accompagne le livre - et qui est le coeur de l'objet tout de même - est interprété avec un certain classissisme qu'on pourra regretter, on ne regrettera pas le formidable renouvellement que proposent les textes de Vincent Mallone (voir aussi le blog). Ah, quel régal de prendre la tangente des grands classiques, avec générosité, puisque le disque offre une soixantaine de titres : Les Saint-Jacques (pour Frère Jacques), En passant par la quiche Lorraine, Ils étaient trois p’tits durs à cuire (pour Il était un petit navire)...

Les enfants rifougnent et nous regardent avec de gros yeux, surpris que l'on puisse chanter de nouveaux avec eux des paroles qui les décontenance et les amuse sur des musiques qu'ils croyaient connaître par coeur. Vivifiant.

Pour commander le disque :
- Vincent Mallone (textes), André Boucher (dessins), Les plus jolies chansons de notre enfance, Editions du Panama, 2005, 68 pages, 25 euros. ISBN-13: 978-2755700091.
Amazon - Fnac.

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La philosophie du bonheur

C'est quoi être heureux ?

La philosophie pour les enfants ? Certains disent que c'est une mode. Peut-être, même si elle n'est pas si facile que cela à imposer, comme le rappelle très bien Magali Turquin pour Citrouille. En tout cas, un peu de réflexion n'a jamais nuit... Et puis ça nous change des bien plus nombreux albums qui prennent les enfants pour des abrutis.

Pas facile pourtant d'aborder des sujets compliqués en restant accessible. Il faut reconnaître qu'Iris de Moüy (son blog, pas très à jour) et Oscar Brenifier s'en sortent plutôt bien pour ce second titre de leur collection Les petits albums de Philosophie aux éditions Autrement.

Il faut dire que le personnage de Ninon, une petite fille de 8-9 ans qui adore se poser mille questions, est plutôt bien trouvé. Cette petite fille trempée, évolue autour des siens dans un décor délicieusement minimaliste, à la manière d'une bd japonisante. Comme une fillette de son âge, tétue et cabocharde, Ninon chemine de questions en questions. Ici, tout commence par une dispute avec sa meilleure amie, une fâcherie, comme les enfants en connaissent tant, qui rend la petite fille malheureuse. L'occasion d'essayer de comprendre ce qui rend heureux et comment y parvenir.

Son entourage est surtout là pour lui donner la réplique, pousser ses interrogations, jouer au contradicteur. L'ensemble est parfois un peu compliqué, c'est vrai. Heureusement, le caractère du personnage apporte quelques respirations, dans un ouvrage finalement très dense mais intelligemment découpé en une multitude de petites parties qui permettent de s'arrêter et d'y revenir facilement. Sans compter que Ninon est plutôt séduisante, comme une grande soeur à laquelle ressembler.

Un livre assez savoureux qui aide à se poser des questions, à trouver des pistes de réponses. Il faudra plusieurs lectures pour en venir à bout et c'est tant mieux, tant ces petits dialogues socratiques permettent d'initier un vrai échange avec les enfants. Finalement, le plus intéressant, ce n'est pas le livre lui-même, mais bien les discussions qu'il permet d'entamer.

Les auteurs ont également signé un autre titre dans cette série (La vérité selon Ninon), mais on préférera le bonheur à la vérité, c'est un peu moins compliqué. :)

Pour commander ce livre :
Iris de Moüy, Oscar Brenifier, Le bonheur selon Ninon, éditions Autrement, 2005, 64 pages, ISBN : 2746707179, 13,5 euros.
Amazon.fr - Fnac.com - Alapage.com

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Savoir-vivre

ou plutôt le contraire...

Voilà un album qui ne plaît pas aux enfants. Certainement parce que Yann Fastier a réalisé là un album qui les dérange, qui leur renvoit une image d'eux-mêmes et des adultes qu'ils n'aiment pas. Il n'empêche qu'il faut parfois savoir les brusquer un peu, non ?

En quelques courtes pages, une petite fille, prise à partie par un adulte - visiblement sa mère - qui lui assène invective sur invective, grimace sous nos yeux comme elle le ferait dans le dos de celle-ci. Alors que la femme débite les pires horreurs ("Ah, t'es bien comme ton père !" ou encore "merci qui ? merci mon chien !"...), nous assistons, impuissants, aux réactions de l'enfant. Dans cette atmosphère électrique, l'horreur grimpe de page en page jusqu'à la violence d'une gifle, et pire, la culpabilisation : "Tu me tueras !", finit par lancer la mère. Pris en tenailles entre les vociférations de l'une et la pantomine de l'enfant qui se débat physiquement face à cette déferlante d'horreur orale, le livre nous laisse là, haletants, épuisés.

Autant dire que la violence verbale de ces quelques pages, provenant d'un adulte qui reste invisible, glace d'autant plus les enfants que la petite fille semble plutôt douce et soumise. Le livre offre à tout le moins une bonne occasion de parler de la colère et de la violence. Et même de simuler la fureur... histoire de rendre à ces pages toute leur agressivité.

On regrettera presque que la morale soit sauve à la fin de cet éreintement. Si mes vieux souvenirs sont exacts, une première version de ce manuscrit ne se terminait pas aussi bien... Mais qu'importe, la dernière image ne remet pas en cause, finalement, le choc de cette charge.

Pour commander ce livre :
- Yann Fastier, Savoir-vivre, Atelier du poisson soluble, 2000, 12 euros, ISBN : 2913741029 ; édition de poche Mijade, 2001, 5,20 euros, ISBN : 287142277X.

Fnac.com (cartonné - poche) - Amazon.fr (cartonné ; poche)- Alapage.com (cartonné ; poche)

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Comptines enfantines

Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ai l'ivresse

J'aime beaucoup les albums de la collection "Pirouette" de chez Didier Jeunesse. Pirouette, vous ne le savez peut-être pas, c'est une collection de petites comptines et de chansons, illustrées bien souvent avec fraîcheur par des illustrateurs de talents, au nombre desquels trône la remarquable Martine Bourre.

Emblématique, Martine Bourre ? Oui, d'abord parce qu'elle est un auteur phare de cette collection, ensuite parce que la diversité des collages, des matières, des techniques et des styles qu'elle a utilisé pour la dizaine d'albums qu'elle a créé pour cette collection, en illustrent parfaitement l'esprit : apporter une dimension artistique à une chanson classique.

Bien que l'illustration demeure toujours un peu déroutante pour les enfants, le plaisir de la chanson reste entier, le second permettant bien souvent de mieux jouer du premier. Reste à connaître l'air avant que d'offrir le livre. Si chaque album propose la partition, internet est bien utile pour ceux qui ne savent pas déchiffrer les notes. Il suffit alors de chercher un peu (Comptine.free.fr et Mômes.net par exemple), pour ne pas arriver ignare avec l'ouvrage et risquer des déceptions inutiles.

Difficile des choisir quelques titres dans cette collection, tant la chanson est tout aussi importante que l'illustration, et tant celle-ci se joue de nos goûts pour nous étonner par son inventivité. Si les albums sont diversement réussis, on ne se trompera pas en choisissant notamment Loup y es-tu ?, Dame tartine, Le noël du Bois-Joli, Mamz'elle Angèle, Un grand cerf ou Les petits poissons dans l'eau.

Une seconde encore pour m'attarder sur ces deux derniers titres et souligner leurs indéniables qualités. Si Le grand cerf peut paraître plus classique, il n'en faut pas omettre la remarquable créativité de Martine Bourre. La richesse des détails et des matériaux utilisés pour donner vie aux animaux est fascinante et laissera les enfants tout à leur minitieuse observation...

Le livre de Christine Destours est bien différent, mais reste tout autant séduisant. Avec ses bouts de carton et de laine coloriés et ficelés, les personnages sont là plutôt réduits à leur plus simple expression, ce qui ne sera pas sans surprises. Les poissons ressemblent à des tétards, c'est tout aussi rigolo.


Pour commander les livres :

- Chistine Destours, Les petits poissons dans l'eau, Didier Jeunesse, 2004, 20 pages, 10,5 euros, ISBN : 2078054414.
- Martine Bourre, Un grand cerf, Didier Jeunesse, 2003, 20 pages, 1à,5 euros, ISBN : 2278300067.

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Boîte en bois

Et vous, êtes-vous content de la boîte de jeux offerte à vos enfants ?

Trois-quatre-cinq ans, voici l'âge des premiers jeux de sociétés. Jeux des sept familles, jeu de l'oie, petits chevaux, dames... Il est temps de sacrifier à la malette de jeux traditionnels pour occuper des p'tits bouts d'après-midi pluvieux - pas trop longtemps quand même, l'attention n'est pas élastique.

Difficile de choisir une malette à sa boîte ou à la description de son seul contenu. C'est pourtant bel et bien ce qu'il nous faut faire, pauvre consommateurs que nous sommes.

Autant le reconnaître, nous, nous avons fait le mauvais choix. En optant pour "la grande boîte de jeux" en bois de Vilac (le spécialiste des jeux en bois du Jura), nous pensions être satisfait d'avance. Loin s'en faut. L'investissement (il faut tout de même compter plus de 50 euros) n'a pas été à la hauteur de nos espérances. Les règles sont un peu lacunaires (je n'ai jamais appris à jouer au osselets, et il me sera difficile d'y comprendre quelque chose ici) et tous les jeux ne sont pas très adaptés aux plus petits. Les pièces en bois (chevaux et oie) sont instables et trop larges par rapport aux différents plateaux existants : ils ne cessent de tomber ! Le jeu des sept famille n'est pas des plus réussi pour les tous petits (les personnages et les familles sont mal différenciés, ce qui empêche les enfants qui lisent mal ou pas de jouer). Les dominos sont peu nombreux et assez moches, comme l'ensemble des pièces en bois, peu travaillées et finalement peu attirantes pour les enfants. Même les plateaux (jeu des échelles et jeu de l'oie notamment, pourtant très accessibles aux tous petits) ne sont pas très bien réussis : les couleurs et les repères sont plus sources de confusion qu'autre chose. Même la boîte en bois elle-même est peu pratique : le carton s'encastre mal et se détériore rapidement.

Bref, nous avons fait un mauvais achat. D'autant plus rageant qu'il n'était pas donné. Nous ne rachèterons pas une autre boîte de sitôt, n'empêche, si vous connaissez une meilleure boîte de jeux, bien adaptée aux petits, ou plusieurs éléments séparés de qualité, n'hésitez pas à le signaler en commentaire. En attendant, je vous déconseille fortement cette boîte là.

PS : Stéphane, c'est plus négatif que les Demandeurs, mais j'ai très envie de monter un site de ConsoRaleurs. Tu crois que ça pourrais intéresser du monde ?

Gniak

Une histoire où se projeter servie par des photos où se reconnaître.

J'étais si timide que j'ai mordu la maîtresse : rien qu'a l'énnoncé du titre, les enfants vous regardent avec de grands yeux interdits, comme si c'était vous même qui vous apprétiez à commettre l'irréparable. Autant dire qu'ils la réclament en boucle cette histoire de petite fille trop timide dans laquelle ils sont nombreux à aimer se projeter.

Il n'y a pourtant pas que le titre qui est réussi dans cet album : du texte à la mise en page, la composition est toute à l'honneur de cette jeune maison d'édition québécoise. Il faut surtout signaler que les "illustrations" de cet album ne sont pas dessinées, mais photographiées. Et c'est un événement en soi tant la production pour les enfants est quasiment uniquement composée de dessins et que les rares ovnis qui s'essayent à colporter des photos ne sont pas toujours vraiment accessibles aux enfants.

Ici, ce n'est pas le cas, les enfants se reconnaissent tout de suite dans cette jolie frimousse mise en valeur par une mise en page moderne et dynamique tout en restant bien balisée pour ne pas les perdre totalement.

L'histoire est très agréable à lire, à faire vivre, on regretterait presque que la typographie ne soit pas plus inventive - mais c'est vraiment pour chipoter. En plus, les enfants se feront un plaisir d'apporter ce petit livre à leur maîtresse pour bien lui montrer ce à quoi elle a échappé.

Commander ce livre :
- Minne, Claude Croisetière, France Leduc, J'étais si timide que j'ai mordu la maîtresse, Les 400 coups, 2003, 32 pages, 8 euros.

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Un livre pour dessiner dedans

Vous allez être surpris de voir ce qu'il y a dans la tête de vos enfants quand ils sont sollicités.

GribouillagesEnfin un livre où l'on peut dessiner dedans. C'est plutôt rare finalement. Si vous avez soupé des livres de coloriages qui prennent les enfants pour des imbéciles, chargés d'agrémenter du décalque des couleurs des robes des princesses de dessins animés dont ils sont matraqués, prenez ce gros chemin de traverse (368 pages).


Cet album original, d'un illustrateur japonais (jap.) redonne au coloriage les couleurs de la créativité et de l'imagination. Dessine l'homme invisible, colorie avec des couleurs vives, dessine un visage en pleurs... sont quelques-unes des nombreuses consignes adaptées aux plus petits. Les propositions de dessins sont très nombreuses et très variées (dessin à compléter, masques à découper...) et en font un vrai livre d'activités : les enfants pouvant y piocher dedans au gré de leurs humeurs.

On regrettera seulement un dos trop épais qui rend le dessin parfois difficile au niveau du pliage et un prix tout de même élevé pour un livre de coloriage. Ne boudons pas notre plaisir, l'ensemble est tout de même excellent. Vous allez être surpris de voir ce qu'il y a dans la tête de vos enfants quand ils sont sollicités.

Fort de son succès, l'auteur a publié un second tome intitulé Gribouillages (encore), tout aussi réussi.

L'HiverL'éditeur en a profité pour sortir toute une petite collection (L'Eté, L'Automne, L'Hiver et 1,2,3) avec à nouveau des consignes originales dans un format plus petit et à un prix plus abordable.

Pour acheter ces livres :
- Taro Gomi, Gribouillages : Un livre à dessiner et à colorier, Seuil Jeunesse, 368 pages, 24,95 euros.
- Taro Gomi, Gribouillages (encore) : Un livre à dessiner et à colorier, Seuil Jeunesse, 368 pages, 24,95 euros.
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- Taro Gomi, L'Été, Seuil Jeunesse, 96 pages, 16 euros.
- Taro Gomi, L'Automne, Seuil Jeunesse, 96 pages, 16 euros.
- Taro Gomi, L'Hiver, Seuil Jeunesse, 96 pages, 16 euros.
- Taro Gomi, Un, deux, trois, Seuil Jeunesse, 96 pages, 16 euros.